Aux environs de la ville, au bord de la forêt

Emmitouflée dans un épais manteau usé par les ans, Oruloki avançait dans la neige. Cela faisait des décennies qu’elle le cherchait, et enfin, elle y était presque arrivée ! Bientôt, le village serait en vue ; bientôt, elle pourrait Le chercher, Le trouver, et là… Un sourire mauvais naquit sur son visage.

Le léger craquement d’une branche morte brisée attira son attention. Les loups étaient toujours derrière elle. Ces bestiaux n’abandonnaient-ils jamais ? Maigres comme des clous, ils la suivaient depuis des jours, n’osant jamais attaquer, mais ne voulant pas non plus risquer de laisser partir l’unique repas qu’ils avaient sous la patte. Déjà, un village était en vue. Ils devaient agir, vite. Les loups formèrent un large demi cercle et se jetèrent sur Oruloki, qui se baissa brusquement… Mais pas assez : un membre de la meute enfonça profondément ses crocs dans son épaule gauche, la faisant vaciller et s’écrouler au sol.

Affalée dans la neige, elle voyait la neige se teinter du rouge de son sang… Elle ne pouvait pas se permettre de finir ainsi ! Ces loups lui barraient la route ? Elle les écarterait, quoi qu’il lui en coûte. Elle marmonna entre ses dents :

« Ah c’est comme ça ? Vous ne me laissez donc pas le choix ! »

Une violente explosion embrasa l’air, réduisant les carnassiers en cendres. Epuisée, Oruloki retomba dans la neige et perdit conscience. De la poche de son manteau, du côté du cœur, deux fragments de parchemin et un tout petit objet coloré s’échappèrent et se posèrent au sol.

Quelque part à des kilomètres de là, l’œil d’une créature immense s’ouvrit.

Arrivant au abord de la ville giny aperçut une forme presque complètement ensevelie sous la neige teintée de rouge. Elle s’approchât donc de l’endroit et découvrit qu’une personne, qu’elle avait l’impression de connaître, mais elle était blessée et perdait beaucoup de sang.
La petite elfe pensa la blessure de son mieux et découvrit deux lettres et un étrange fragment à côté de son compagnon de fortune. Après s’être installé dans une chambre de l’auberge de la ville, giny piqué par la curiosité jeta un œil au parchemin, tout d’abord elle parut surprise puis une expression de tristesse apparut sur son visage.

« Vous êtes réveillé ? » dit elle en rangeant les parchemins précipitamment. Après quelque instant elle ajouta
« Mais qui êtes vous ? »

Quand Oruloki retrouva ses esprits, elle fut d’abord étonnée de ne plus être dehors, dans la neige. Quelqu’un avait dû la trouver et la ramener ici… Elle gémit. Son épaule gauche lui faisait un mal de chien ! Saleté de loup. Il avait carrément arraché la poche de son manteau. Heureusement que l’écaille y était, sinon, elle n’aurait jamais eu le temps de se servir de sa magie. L’écaille… Les parchemins ! Ils étaient dans la même poche qu’elle ! Oh, pourvu que ni l’un ni les autres soient restés dans la neige ! Le froissement de parchemins maniés avec douceur attira son attention. Quelqu’un était dans la pièce. Une voix féminine lui demanda qui elle était. Quelqu’une, donc. Machinalement, elle répondit :

« Oruloki, voyageuse à la recherche d’une ville nommée Castle Rock. »

Cette voix lui rappelait vaguement quelque chose… Elle avait l’impression de l’avoir déjà entendue auparavant, il y a longtemps. Mais en plus flûtée, plus rapide aussi. L’image d’une jeune elfe particulièrement curieuse s’imposa dans son esprit. Elle devait en avoir le cœur net. Elle se retourna, regarda son interlocutrice. Elle. En plus âgée, moins infantile, mais toujours avec cet éclat de curiosité infinie dans le regard. Elle ne s’était donc pas trompée. Faire tout ce chemin et la retrouver… La vie avait parfois quelque chose d’étrange…

« Giny ? Mais que fais-tu ici ?»

Oruloki …Oruloki….Ce nom lui disait quelque chose….une image bien que flou lui revint alors dans son esprit, celle d’une jeune femme mystérieuse au regard flamboyant qui parfois s’énervait après une petite fille un peu trop curieuse, ce qui eu pour effet de lui tirer un sourire. Lorsqu’elle vit son amie écarquiller les yeux et la reconnaître, son sourire devint un peu plus large.

« Ca faisait vraiment longtemps, flammèche. » Répondit elle d’un air insolant, mais elle ne parvint pas à dissimuler sa joie d’avoir retrouvé une amie de longue date.

« Et ben comme tu t’en doute je n’ai pas tellement changé depuis la dernière fois, je suis toujours à la recherche de réponses à mes questions, et d’ailleurs je crois que tu peux sûrement m’en donner une, mais j’ai bien peur que tu vas encore te fâché….Enfin bon je prend le risque, saurais tu quelque chose à propos de ce symbole ? »
Giny lui montras alors l’un des parchemins qu’elle tenait dans la main.

Oruloki regarda le parchemin un instant puis pâlit. Ecrit sur ses deux faces en un ancien dialecte que peu de gens comprenaient encore, il portait sur son recto un long texte signé d’un serpent sur fond de flammes et au verso une lettre, réponse du recto, marquée en bas d’une légère griffure bordée d’une fine couche de givre. Elle ne savait si elle devait se réjouir ou non de la présence de son parchemin entre les mains de Giny… Innocemment, celle-ci lui désignait le serpent. Il était inutile de faire mine de ne pas savoir, l’elfe allait la cuisiner jusqu’à ce qu’elle estime qu’elle avait appris tout ce qu’elle pouvait lui apprendre. Résignée, elle réfléchit un instant et lui répondit :

« Je sais que ça va te sembler incroyable, mais il s’agit du sceau personnel d’un dragon de feu. Et au dos, tu peux voir la marque d’un dragon des glaces, la bête que je suis venue chercher. »

Oruloki espéra que son explication suffirait. La plupart des gens croyait les dragons disparus, annihilés lors d’une grande guerre, provoquée par le dirigeant des humains de l’époque, qui les divisa en de multiples factions et laissa les survivants trop affaiblis pour se nourrir par eux-mêmes. Selon la légende, le dernier représentant de cette grande race, au soir de sa mort, se serait présenté devant le roi des humains et lui aurait poussé un tel hurlement de reproche et de tristesse mêlés que les cheveux du monarque étaient tous devenus blancs. Depuis cet épisode, ce dernier tressautait à chaque fois qu’il voyait une ombre se profiler à la limite de son champ de vision. Il mourut jeune, d’une crise cardiaque. Mais la plupart des gens se trompait.

Les dragons ? Giny jeta un nouveau cop d’œil au parchemin, mais lorsqu’elle sentit le regard de son amie inquiète, elle le lui rendit avec l’objet brillant qu’elle avait trouvé, qui ressemblais à …….une écaille ! Comment avait elle pu ne pas s’apercevoir de l’étrangeté des objets qu’elle tenait à la main plus tôt ? En observant son interlocutrice, giny réfléchissait à toute vitesse établissant des liens entre des éléments des plus invraisemblable, dragon……écaille…..lettre…..livre…..médaillon….regard de braise.
Elle avait souvent entendu dire que les dragons avaient disparut, mais elle savait que ce n’était pas vrai, elle tenait d’ailleurs dans sa main la preuve du contraire. Mais elle ne comprenais pas, pourquoi serait il intéressé par ces créatures ? Sentant l’impatience et la fatigue de son amie, giny se décida.

« J’aurais aimé te poser une foule de questions, mais je crois que tu n’es pas vraiment en état de me répondre se soir. Je pense que tu devrais te reposer un peu, ta blessure devrait aller mieux demain.
Cependant j’aurais une requête à te poser : accepterais tu ma compagnie pour un bout de chemin? Je crois que nos recherches convergent au même endroit :
Castle rock, la cité déserté. »

Bien qu’elle affichait une mine résolue, giny se demandait si son interlocutrice n’allait pas refuser sa demande...

Oruloki eut un sourire amer.

« Toi, m’accompagner à Castel Rock pour chasser le dragon des glaces ? Mais tu vas te faire croquer toute crue ! C’est tout simplement hors de question. »

Le regard de Giny brillait d’une détermination qu’elle ne lui connaissait pas. Elle observa un instant l’écaille que l’elfe lui avait rendue, cet objet qui lui était si cher et qui, malgré l’attaque du loup, n’avait pas changé d’un pouce : ressemblant beaucoup à une écaille d’un tout jeune dragon des glaces par sa transparence et sa couleur d’un bleu froid, mais semblant rougeoyer très faiblement de l’intérieur ; et finalement, au souvenir d’une autre fille, à un autre temps, qui avait survécu uniquement parce qu’elle était plus têtue qu’une mule, se radoucit.

« Comment pourrais-je résister à un tel regard ? C’est entendu. Nous partirons à l’aube, demain.»

Le lendemain nos deux amis décidèrent de faire le tour de la ville pour se ravitailler et bien préparer le long voyage qui les attendait.
En allant sur la place du marché, elles firent le tour des nombreux étalages, tandis que l’une inspectait un étalage de produit tous plus bizarre les uns que les autre, l’autre fut irrésistiblement attiré par un marchant encapuchonné qui vendait des grimoires. Alors qu’elle s’en approchait, son regard se déposa sur un vieux livre poussiéreux au bord corné et aux nombreuses ornementations, l’intitulé « contes et légendes » ne l’avais pas vraiment frappé, mais c’était surtout les symboles utilisé dans l’ornementation du livre qui l’avais attiré, tous étaient des dragons ou bêtes étranges qu’elle avais déjà vu. Lors de ses nombreuse recherche, elle les avaient rencontré comme étant des sceaux personnelles de bêtes de légende.

« Combien coûte ce grimoire ? » demanda alors giny, c’est alors que le marchant semblais enfin se réveiller de sa torpeur bien qu’il n’ai pas bougé d’un pouce, on sentait la pression de son regard, comme s’il essayait de lire le fond des personnes qu’il regardait.
« Il n’est pas à vendre. » répondit alors le mystérieux individu après un long silence.

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Pendant ce temps, Oruloki inspectait d’un air navré le triste étalage d’un pseudo magicien. Baguettes de pacotille, grigris incomplets, talismans aux mauvaises runes, parchemins emplis de fautes… Elle savait qu’elle avait vécu longtemps loin de toute civilisation, mais elle avait du mal à croire que les mages avaient pu tomber aussi bas. Elle examina le petit vendeur qui lui jetait régulièrement des regards nerveux. Pas bien grand, frêle, d’une jeunesse qu’il essayait d’atténuer par le port d’une barbe blanchie à l’aide d’un sortilège pas très réussi, il portait une cape longue au point de traîner au sol et tellement de colifichets vaguement occultes qu’à chacun de ses mouvements il tintait comme un tas de clochettes. Quand elle pensait aux anciens magiciens, les vrais, assez puissants pour ne pas avoir à afficher leur statu de praticiens de la magie, elle avait mal au cœur. Ah ! Arphazar, Kaherdin, Mélian… Tous ces sorciers qui avaient compris qu’on pouvait faire de la magie sans pour autant rester toujours dans les stéréotypes, qu’étaient-ils donc devenus ? Sans doute morts de vieillesse à l’heure qu’il est…

Soudain, elle entendit une voix tout droit sortie d’un passé ancien, une voix qui ne pouvait signifier qu’une seule chose pour elle : les ennuis allaient bientôt déferler. Elle se retourna, cherchant Giny du regard… Et la vit soudain à côté d’une vieille connaissance. Aïe, ça ne pouvait pas plus mal tomber. Si jamais il la reconnaissait, elle n’aurait plus rien à faire à part espérer de tout son cœur qu’il ne la dénoncerait pas à ses semblables. Sous sa capuche, il lui lança un regard de loup.

« Oruloki, quelle surprise inattendue… »

« Donovan ? Mais quelle affaire t’amène par ici ? »

Il répondit d’un ton évasif :
« Oh, rien de bien important. Tu le sais, les bardes vont et viennent comme bon leur semble, ils n’ont pas besoin de motifs particuliers pour aller quelque part. »

Puis d’un air plus sérieux ajouta :
« Ils savent que tu es en vie et ils savent ce que tu comptes faire. Tu as été bien imprudente d’utiliser ta magie aussi inconsidérément. Maintenant, ils risquent d’arriver d’un moment à l’autre. Alors, un conseil : quitte cette ville, voire même ce pays au plus vite si tu tiens à ta vie. »

« Merci, Donovan. Je ne comptais pas m’éterniser dans cette ville, de toute façon. Mais pour ce qui est du pays, j’y resterai jusqu’à ce que j’atteigne mon but, un point c’est tout.
Giny, si tu veux toujours m’accompagner, nous partons tout de suite pour Oto. Et après… Son regard devint sombre et un sourire aigu naquit sur son visage. Elle referma le livre traitant des dragons d’un geste sec. Castel Rock !»

Après un bref instant de surprise, l’individu que giny aurait qualifié de louche, ne
s’intéressa plus à elle, ce qui eu pour effet de l’énerver. Mais lorsqu’elle
s’aperçue que son interlocuteur fixait oruloki du regard, en un éclair elle
compris, ce qu’elle avait lu la veille….

Avant qu’elle ait pu réagir, l’inconnu s’était déjà adressé à son amie, mais elle
aussi le connaissait. Pendant le bref échange, elle se ressaisie, quelque chose
dans l’atmosphère avait changé.

Le livre qu’elle tenait dans la main se mit à vibrer, de plus en plus intensément. Elle
ne parvenait plus à le lâcher. Au même moment, elle tirât oruloki par la manche
lui permettant ainsi d’éviter une volé de flèche. Lorsque l’agitation finie par
se calmer, une dizaine de personnes s’étaient rassemblés à l’endroit où quelque
instant plutôt se tenant giny et oruloki, mais celles-ci n’étaient plus ici.

Quelque part non loin de la ville, deux silhouettes se dessine sur un horizon bien
sombre.

Où allons nous finalement ? Finit par demander la plus petite des deux.
Direction Oto ! répondit l’autre d’un air déterminé.